posté le 19/10/08

SOIREE JACK LONDON

 

 

Les Amoureux de Jack London se retrouveront à l'ALHAMBRA ce jeudi 23 octobre dès 18 h pour :

 

- Un apéro dans le hall du Cinéma autour de la table du Libraire,  

- Une lecture du texte autobiographique de London "ce que la vie signifie pour moi" (19h)

- la projection du film "Into the wild" (20h)

- une discussion libre autour de la table du libraire.

Cette soirée est organisée en partenariat avec la Mouette Liseuse (http://www.lamouetteliseuse.com/)  et l'association des Amis de Jack London.(http://www.jack-london.fr/)

 

Bonne soirée !!

 

 

 

 

 

 


 
 
posté le 18/10/08

Cine spectacle à l'Alhambra

THÉÂTRE CONTRE L'OUBLI

par la Cie les AnonymesTP

DROITS AU CŒUR,(films d'animation)


Ex – enfant de Jacques Drouin / 5 mn« L’enfant de moins de 15 ans ne peut pas être enrôlé dans les forces armées »
Durant une guerre, un enfant doit se battre et perd tout…y compris son enfance.

Une artiste
de Michèle Cournoyer / 5 mn« L’enfant a droit de s’épanouir pleinement »
Une jeune fille réussit à développer ses dons musicaux à l’insu de sa famille…

Overdose
de Claude Cloutier / 4 mn« L’enfant a droit au repose et aux loisirs »
Un enfant est surchargé de travail par ses parents…

Jonas et Lisa
de Zabelle Côté et Daniel Schorr / 10 mn
« L’enfant a droit à un niveau de vie suffisant »
Des enfants d’un bidonville doivent travailler et décider de leur avenir, comme des adultes…

Le tournoi
de Francine Desbiens / 5 mn« L’enfant handicapé a le droit de mener une vie pleine et décente »
Insensible aux fanfaronnades de son adversaire, une jeune fille sourde se bat pour gagner un tournoi d’échecs…

Baroquen’ roll
de Pierre M. Trudeau / 4 mn« L’enfant appartenant à un groupe minoritaire a droit à sa vie culturelle, religieuse et linguistique »
Ridiculisé en raison de ses différences, un jeun immigrant se fait finalement accepter à cause de son courage.

Pourquoi ?
de Bretislav Pojar / 8 mn Des enfants, alarmés par les problèmes des jeunes du monde entier, lancent un appel à l’aide…

"S'inspirant des valeurs mises en avant par la Convention des Nations Unies sur les Droits de l'Enfant, cette collection compte trois volets de 7 films d'animation. Cette série est particulièrement recommandée aux enseignants pour éveiller les classes aux problèmes de l'enfance partout dans le monde et utile aux associations de défense des droits de l'enfant. Les parents trouveront aussi leur intérêt dans ces films qui manient humour et gravité tout en développant la compréhension des enfants envers les problèmes du tiers-monde et parfois de leurs petits camarades."

 


 
 
posté le 15/10/08

DocPOLSKA

Nouvelles de Pologne, et d’ailleurs

DocPolska

au Reflet Médicis du 14 octobre au 4 novembre

Ah la Pologne ! Sa riante histoire, ses plombiers à bas coût, ses jumeaux Kascynski, son ex-pape charismatique et son catholicisme chevillé au corps… Voilà quelques images plus ou moins caricaturalement attachées à ce pays. D’une teneur tour à tour comique, philosophique et ethnologique, la programmation variée de « DocPolska » permet d’accéder à un regard différent et plein de richesses ; le témoignage de la belle vitalité cinématographique du genre documentaire en Pologne. Centré sur des individus ou des groupes restreints, cet ensemble de films permet, à partir de ces points de vue particuliers, la composition subjective de l’état d’un pays qui oscille entre un passé aussi problématique que traumatique et un présent plein d’espoirs et de craintes. Mais la Pologne ne fait pas ici que se regarder, l’ancienne puissance tutélaire, l’ex-URSS, est scrutée non sans crainte. À l’Est du nouveau ? Assurément oui.


REGARDER LA POLOGNE

De l’insolite

Quand le cinéma documentaire scrute la Pologne, il offre un regard bien souvent décalé quand ce n’est pas absurde et burlesque. On ne sait pas très bien par quoi commencer à ce propos. On pourrait accorder cet honneur à ces passionnés de phénomènes surnaturels : une communauté d’ufologues ayant fondée une sorte d’ufopatrouille. Dans On the Sky on Earth, Maciej Cuske compose un bien étrange portrait en axant son film sur un obsessionnel de l’OVNI qui semble prêt à tout pour prouver leur existence, entraînant une femme et une fillette dans sa quête. Il faut dire qu’il fut à deux doigts d’être enlevé par eux. La réalisation en ajoute, si on peut dire, une couche en s’amusant beaucoup avec l’ambiguïté, non sans un certain talent visuel mais peut être un peu trop d’insistance, de ce qui peut être vu : plans nocturnes mystérieux ou bien filmés au ras des blés écrasés par le soleil, halo lumineux et distorsions de formes obtenues en jouant sur la netteté de l’image. Loin de mener une enquête sur l’existence ou non de nos amis les extraterrestres, le cinéaste fait du phénomène, ici matérialisé par un intrigant pictogramme dans un champ, un événement symptôme, un révélateur de croyance et un réceptacle d’inquiétudes. Il s’agit aussi de capter un rapport au monde, notamment à la croyance. Il est ici question, pour les protagonistes comme pour le spectateur, d’interpréter le réel et les signes qu’il émet. Et avec la foi inébranlable d’un ufologue, on peut croire beaucoup avec peu.

At the Datcha est peut-être la plus belle réussite cinématographique de la programmation. Thierry Paladino compose un insolite portrait de famille d’un couple d’ouvriers en goguette à la campagne dans une datcha qui tient surtout de la cabane bringuebalante. Lui est un inénarrable bricoleur sourd-muet sec comme une trique, elle une matrone gironde. Pour compléter la photo de famille, il faut ajouter le fiston qui prendrait bien le large si le vieux tacot, en réparation, fonctionnait. Sans oublier l’improbable cabot qui ressemble à une sorte de boudin repose-pied sur pattes… Le film est composé de petites saynètes enregistrées, à la fois avec proximité et distance, sur un ton humoristique où l’absurde a toute sa place. On joue sur des ressorts comiques qui pourraient faire songer à un Rumba dans le réel : un bric-à-brac de bonheur, malgré tout. At the Datcha est un bel hommage à des gens simples qui cultivent leur jardin, s’inventent un petit paradis précieux et modeste, bien à eux avec clôture et barrière. Difficile de ne pas y voir aussi l’image d’un pays qui se retape, encore un peu abasourdi par ce qui a pu lui tomber sur le coin de la tête. Et c’est sans doute pour cela qu’on est saisi par une franche inquiétude lorsque des grondements annoncent un sérieux orage.

Des représentations

Le passé résonne dans ce cinéma au présent, c’est particulièrement le cas de If It Happens et User Friendly Death hésitent perpétuellement entre gravité légère et farce tragique. Dans le premier, dédié à son père, Marcel Lozinski fait se rencontrer son propre fils Tomek dans un parc à l’âge de 18 ans et 6 ans. L’enfant interroge des personnes âgées. Lorsqu’il a atteint la majorité, l’endroit est bucolique, baigné d’une belle lumière, mais le même parc est vide, une valse en sourdine venue du passé se fait entendre. S’organise un jeu de champ-contre champ mettant en rapport le même être à douze d’écart. À six ans, il soumet à la question les vieux promeneurs avec la curiosité et l’impertinence de son âge. Filmés à distance les entretiens ne tardent pas à faire émerger de profondes questions sur le sens de la vie, le temps, la mort, la solitude. La seconde guerre mondiale ne tarde pas à pointer son nez, démontrant à quel point elle structure la mémoire et les existences. Aussi la situation socio-économique est suggérée par les réponses ou l’aspect des personnes. Permettant la divagation temporelle, on se prend à se demander ce que tel ou untel a bien pu faire de sa jeunesse ou de son âge adulte. Qu’elle fut l’attitude de celle-là pendant la seconde guerre mondiale ? Et celui-ci avec ses lunettes fumées ferait un parfait apparatchik du Parti sous Jaruzelski…

Un espace frontalier entre Pologne, République Tchèque et Allemagne : drôle d’endroit pour un crématorium. C’est la première idée qui vient à l’esprit lorsque débute User Friendly Death. Elle montre à quel point le regard sur le présent est guidé par des représentations historiques associées à cette partie de l’Europe. La technicité du discours sur la mort provoque le même sentiment. Dans ce crématorium, on se pose des questions que d’autres, pour des raisons et dans un but bien différents, se sont posés il y a plus de 60 ans. Ainsi un corps de 50 kg mettra ainsi 50 à 55 minutes à brûler, quant à un enfant de 10 ans, ce sera l’affaire d’une petite demi-heure. Quelques plans sont insérés : une ville industrielle où des cheminées crachent une épaisse fumée. Avec une image assimilable à la cendre, plus faite de contrastes de gris que de noir et de blanc, Marcin Koszalka tend des perches qu’il est difficile de ne pas saisir. Il nous fait pénétrer dans ce crématorium, une entreprise florissante à grand succès qui évoque aussi le présent : la société de service, les espaces transfrontaliers européens, les contrastes du coût du travail entre Est et Ouest du continent. Débordant de représentations historiques, le film se remplit aussi de données fictionnelles. Ces multiples plans dans des couloirs aseptisés saisis au grand angle renvoient à la science-fiction. Et la série Six Feet Under n’est jamais très loin puisqu’il s’agit aussi du portrait de ces familiers de la mort, de leurs gestes minutieux et mécaniques. Un organiste sur synthétiseur maître d’œuvre musical et sonore des cérémonies, une assembleuse de cercueil accro à la gym et un patron ancien alcoolo excellent joueur de ping-pong.

REGARDS VERS L’EST

Lorsque les documentaristes polonais ne braquent pas leurs appareils sur leur pays, ceux-ci penchent vers l’Est. S’il s’agit bien sûr d’un choix de programmation, cet intérêt pour ce qui se passe chez l’ancien tuteur un tantinet encombrant pendant la deuxième moitié du XXe siècle est tout de même significatif et marque le fait qu’il agit toujours comme une sorte de centre de gravité.

De l’oppression

La Biélorussie se situe à la frontière orientale de la Pologne. Une minorité polonaise de quelques dizaines de milliers de membres y vit, à l’occasion soumise à des discriminations voire à des soubresauts xénophobes de la part des autorités. Ce pays est la dernière dictature « officielle » d’Europe, à l’ancienne pourrait-on dire. La police politique s’appelle le KGB et Loukatchenko, ancien sovkhozien devenu indéboulonnable chef d’Etat, a rétabli le drapeau de la république socialiste de Biélorussie en arrivant au pouvoir en 1994. C’est toute la richesse de A Lesson if Bielorussian : ouvrir une fenêtre sur un pays méconnu, car largement fermé. Si l’écriture documentaire se révèle hésitante et confuse, si la réalisation, tenant de la forme reportage, est dénuée d’ambition cinématographique, il s’agit toutefois d’un témoignage informatif sur la situation du pays et les rudes conditions de l’opposition politique et civile.

Miroslaw Dembinski adopte le point de vue de Franek qui a la particularité d’être un opposant-né (en 1988), fils d’un contestataire ayant notamment crée une structure éducative parallèle, clandestine depuis le milieu des années 1990. La caméra suit donc le parcours du combattant de l’opposant dans un pays où « pour toute activité, il faut une autorisation. » Le film capte le jeu du chat et de la souris entre la milice et la résistance. On découvre une contre-culture, notamment musicale, et une contre-société où il s’agit avant tout de vaincre la peur imposée par le régime. Il résulte de cela des séquences saisissantes. Une séance de tractage dans un immeuble glauque, l’apparition d’une femme brisée, la mère de Franek, préparant une visite à son mari emprisonné, un rassemblement sous une tempête dantesque le soir d’une défaite électorale qui prend des airs d’étrange victoire.

De l’assujettissement et de l’extinction

Phares de la politique nationale de l’URSS, les peuples sibériens n’en ont pas moins connu soviétisation et acculturation. Le passage brutal à l’économie de marché au début des années 1990 a marqué un pas en direction d’une précarisation qui semble irrémédiable. The First Day de Marcin Sauter et Gugara de Jacek Naglowski et Andrzej Dybczak auscultent la condition de ces peuples autochtones qui ressemblent à des damnés sur leur propre terre. En 2001, Vladimir Poutine a signé une loi accordant aux autochtones la priorité sur l’exploitation des ressources renouvelables (chasse et pêche). Le décret d’application n’est toujours pas paru à ce jour.

L’un et l’autre films sont marqués par une ambition esthétique, les cadrages sont soignés et on cherche à capter les extraordinaires lumières septentrionales, les paysages muets et les visages empreints de noblesse et de beauté. Ceci sans jamais magnifier l’ensemble, n’occultant pas le fait que la dignité de ces peuples est très largement érodée. The First Day, c’est le premier jour de classe, point d’aboutissement du récit. En guise d’ouverture, on découvre l’intérieur d’un habitat traditionnel dans le District autonome Yamalo-Nenets. Les conditions de vie sont précaires dans la toundra que les enfants finissent par quitter pour gagner par les airs l’internat d’une ville d’une laideur et d’une tristesse absolues. Loin d’atteindre l’hébétude de ces petits êtres déracinés et intimidés, on ressent néanmoins un effroi plus que prononcé devant le cérémonial d’accueil et une leçon de géographie qui n’a rien à envier à celles que l’on administrait aux indigènes des colonies. Les ancêtres ne sont pas ici gaulois, mais le président est Poutine et Moscou la lumière de la Sainte Russie.

S’il est possible de l’être davantage, l’éclairage donné par Gugara, tout en fonctionnant en complément, est plus sombre encore. Comme dans The First Day, le film commence dans une tente enfumée. Pendant que le père et la mère accomplissent des gestes ancestraux, un jeune adulte, le fils, joue au jeu électronique. Cette situation serait teintée d’absurde si elle n’avait pas cette dimension tragique. Ces deux vieux bergers Evenks ont perdu leur troupeau et se trouvent ainsi dans une sorte de néant ; privés des moyens de vivre selon un mode de vie traditionnel, ils ne peuvent pas vivre non plus selon les normes actuelles. Quant au fils, il n’est que de passage, c’est un professeur de gymnastique qui a tourné le dos à la taïga. Gugara donne à voir ensuite ce qui attend Dimitri et Tatiana, les deux vieux bergers dans une forêt sans renne ; à savoir une sorte de village faisant office d’hospice, pour ne pas dire un asile à ciel ouvert. On est ici hébété par l’alcool, le désoeuvrement et la misère. Les autochtones sont devenus spectateur de leur propre culture, à laquelle ils n’accèdent plus qu’indirectement : des émissions télévisées ou bien lors d’un grotesque rassemblement folklorique sous l’égide de la « Journée des peuples indigènes ». Avançant par petites touches, s’attachant aux détails des gestes et des visages par un usage du gros plan, on voudrait que la valeur ethnographique de ce témoignage ne soit pas autant marquée par l’impression de l’inéluctable extinction d’une civilisation.

Arnaud Hée (critikat)

 


Commentaires

 

1. wilmo  le 16-10-2008 à 06:12:36

c'est où le reflet medicis?

2. spino-for-ever  le 26-10-2008 à 09:41:18

à Paname !

3. spino-for-ever  le 26-10-2008 à 09:41:23

à Paname !

4. spino-for-ever  le 26-10-2008 à 09:41:27

à Paname !

 
 
 
posté le 13/10/08

MORT DE GUILLAUME DEPARDIEU

Guillaume Depardieu, âgé de 37 ans, est mort lundi 13 octobre à l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine) après "avoir contracté un virus qui a provoqué une pneumonie foudroyante", comme l'a indiqué l'agence de son père, Artmedia.

Ci-dessous, un portrait consacré à l'acteur, paru dans l'édition du Monde du 23 mai dernier :

 

 

 

Guillaume Depardieu, comme un fauve

Contacté à Cannes, Guillaume Depardieu a d'abord refusé la rencontre. Avant de se raviser : "C'est qui le mec du Monde qui fait l'interview ?" Réponse de l'attaché de presse : "C'est pas un mec, c'est une fille." "Ah, c'est déjà mieux…" Fracassé de partout, passé par la drogue, par la prison, la prostitution, une jambe en moins depuis qu'il a contracté une maladie nosocomiale, des cicatrices dans tous les sens, qui décorent son grand corps émacié, Guillaume Depardieu a traversé l'enfer et donne l'impression de vouloir y rester. "Je suis affûté pour la guerre", dit-il, pour commencer l'entretien, tout en jetant son grand imperméable noir par terre.

C'est pour ses films qu'on a voulu le rencontrer, pour la nouvelle direction vers le cinéma d'auteur, qu'il a choisie depuis qu'on l'a vu chez Jacques Rivette, dans Ne touchez pas la hache. Pour la nouvelle puissance qu'il dégage à l'écran aussi. Avant sa maladie, et malgré une filmographie jusque-là sans grand relief, on avait repéré qu'il prenait de l'envergure... "Ils disent tous ça", coupe-t-il, agacé... Dans Pola X, de Leos Carax, mais aussi dans un film plus insignifiant, comme Le Pharmacien de garde, de Jean Veber, auquel il apportait une intrigante densité.

A Cannes, cette année, on l'a d'abord vu brûler l'écran chez Bertrand Bonello, dans De la guerre présenté le 17 mai à la Quinzaine des réalisateurs. Il y joue le rôle secondaire mais captivant d'un passeur, soldat recruteur d'une communauté hédoniste et guerrière. Pierre Schoeller, quant à lui, lui a offert le premier rôle de Versailles – projeté le 19 mai dans la section Un certain regard –, celui d'un vagabond magnifique installé dans les bois qui recueille malgré lui l'enfant d'une SDF et devient son père de substitution.

"Guillaume, je n'aurais pas pu faire ce film sans toi", a déclaré Pierre Schoeller en présentant son film au public lundi soir. Et pour cause. Cet ermite moderne qu'il interprète et qui déclare "Je serai grand et rugueux, comme il sied à un guerrier" lui ressemble de manière troublante. Sauvage et fêlé, agressif et tendre, il fait écho au vécu et à la personnalité complexe, dérangeante mais extrêmement touchante, de son interprète. "Guillaume Depardieu est le personnage ; on n'a même pas eu besoin de le maquiller", confirme David Thion, producteur au sein de Pelléas, la société qui a produit ce film ainsi que les comédies de Pierre Salvadori, dans lesquelles Depardieu fils s'est fait un prénom.

A chaque question, la réponse fuse, courte, acérée, parfois cryptée, parfois grossière, parfois contradictoire avec la précédente. Guillaume Depardieu observe le moindre de vos gestes, vous fixe intensément dans le fond des yeux, comme s'il voulait saisir une vérité qui y serait enfouie. Pour comprendre ses réponses, il faut parfois insister. Il faut admettre aussi qu'on ne comprendra pas tout.

Pourquoi avoir accepté ce rôle, chez Bertrand Bonello ? "Parce que dans le titre, il y a le mot "guerre". Et parce que Asia Argento", l'actrice italienne qui dans le film joue le rôle du leader d'une secte. Bonello a longtemps cherché un acteur plus vieux, jusqu'à ce que la prestation de Guillaume Depardieu dans Ne touchez pas la hache le convainque que c'est lui qui était fait pour le rôle. Aujourd'hui, il le compare à Jean-Pierre Léaud, ce qui n'est pas un mince compliment. "Guillaume, c'est un bloc émotionnel pur qui rentre dans le cadre. Il ne fait pas les choses à la légère. Je l'ai vu pleurer en disant : "J'ai raté le plan." Seulement si les gens ne sont pas capables de lui faire face, il peut sans doute broyer."

Sur la plage, Depardieu fils agresse quiconque entrave sa tranquillité. Une équipe de télé déplace son manteau : il se lève comme un fauve, attrape le responsable, et exige, en lui parlant comme à un chien, qu'il le remette à sa place tout de suite. Un journaliste de Star Mag interrompt l'entretien pour lui demander s'il accepterait de suivre avec lui un match de foot de Ligue 1 à la télévision. Il le mouche avant même de comprendre la proposition, puis se radoucit, mais le jeune homme a déjà disparu en s'excusant. Remords : "Merde, j'ai été malpoli avec lui ! Il était gentil... Merde, merde, merde !"

Guillaume Depardieu dit recevoir beaucoup de propositions de rôle. Il aurait refusé de jouer Rimbaud, dans un film qui, selon lui, ne se fera jamais : "Qui d'autre que moi peut jouer Rimbaud ?" Qu'est-ce qui le conduit à accepter ? "Le féminin. Féminin… pluriel." Autrement dit, les femmes. Car cela implique "un truc à tenter, une aventure". Si l'on évoque une actrice en particulier, il oscille entre "Celle-là je l'ai baisée" et des déclarations fleur bleue comme : "Dans Ne touchez pas la hache, j'étais censé être amoureux de Jeanne Balibar, et sur le tournage, je le suis devenu."

Et puis il y a sa mère, Elisabeth Depardieu, actrice et présidente de l'association Emergence qui a soutenu le film Versailles, et avec qui les rapports semblent pour le moins ambivalents. Elle est la cause de sa présence dans le film, dit-il. Pourquoi ? "Elle ne voulait pas que je le fasse." On n'en saura pas plus. Du côté du père, Gérard, avec qui les rapports ont longtemps été tempétueux, la doctrine du jour tient en trois mots : "Papa je t'aime."

Sans doute n'est-il pas aisé, à travers ce florilège de provocations théâtrales, de saisir ce que le personnage dégage d'émouvant. Cela passe par sa gestuelle, par la manière qu'il a de parier sur son interlocuteur, par la douceur avec laquelle il s'adresse à sa petite amie aussi, une jeune machiniste rencontrée sur le tournage de De la guerre qui a assisté à tout l'entretien. Est-elle là pour veiller sur lui ? "C'est plutôt moi qui veille sur elle, répond l'intéressé. Disons qu'on s'autoveille."

Plutôt humble, il chante les louanges de ceux qu'il admire. Mathieu Amalric, Maurice Pialat, Clint Eastwood, Billy Wilder, Leos Carax, Jean Dujardin qui le fait "rire, et donc exister", ou encore Jacques Rivette : "Grâce à lui, j'ai commencé à croire au cinéma, à la lumière, au plan-séquence, au travelling." Guillaume Depardieu a manqué d'embrasser une carrière de pianiste. Il a écrit des chansons pour Barbara. Actuellement, il prépare un album.

Au cinéma, on devrait le voir bientôt chez Jacques Nolot, dans le rôle d'un voleur, et peut être derrière la caméra, pour un film qu'il ferait "entièrement avec des femmes". Crânement, il annonce aussi qu'il va se présenter aux élections de 2012.

"C'est un immense comédien, dit de lui David Thion. Et quelqu'un d'adorable. Une personnalité fragile et complexe, en souffrance. Un véritable artiste." Au dos de son tee-shirt rouge est écrit LATENDRESSE. C'est le nom d'un joueur de hockey canadien. Guillaume de son prénom.

Isabelle Regnier

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. Galate2  le 14-10-2008 à 18:44:37  (site)

Et oui...malheureusement ce ne sont pas les brêles qui partent en premier...
bonne soirée

 
 
 
posté le 12/10/08

"MOURIR D'AMIANTE"

L'Alhambra  et son association de spectateurs organiseront une soirée débat autour du thème de l'amiante le vendredi 24 octobre 2008, à partir de 20h

 

Le débat sera animé par Pierre Pluta et Aimé Carbonnier, membres de l'Ardéva 59/62. après la projection du film de Brigitte CHEVET "Mourir d'Amiante"

 

Chaque jour, 10 personnes meurent d'avoir respiré de l'amiante


Le dossier complet du Nord littoral de ce week end :  

Les veuves et malades de l'amiante marchent à Paris

Convoi funèbre de milliers de marcheurs

Nord littoral samedi 11.10.2008, 14:00

Comme en 2005, les Calaisiens marcheront pour soutenir les victimes de l'amiante.

L'Andeva organise ce jour une marche dans les rues de Paris. Plusieurs milliers de personnes dont 75 Calaisiens réclameront un procès pénal de l'amiante et dénonceront les lacunes de la prise en charge de leur préjudice

Un convoi funèbre. Veufs, veuves et malades de l'amiante défilent aujourd'hui dans la capitale pour dénoncer le scandale de l'amiante et de sa prise en charge.

Trois mille personnes sont attendues dans une marche silencieuse qui revêt l'apparence d'un convoi funèbre où seul le pas des marcheurs retentit sur le pavé parisien. Certains arboreront, pour unique revendication la photo de leur conjoint défunt, décédé à cause de l'amiante.

Revendication
et solidarité

Depuis trois ans, chaque deuxième samedi du mois d'octobre, veufs, veuves, malades et sympathisants dénoncent les milliers de victimes que fait l'amiante chaque année, des lacunes répétées dans la prise en charge des préjudices, dans la prévention d'un risque majeur, et dans la justice due aux personnes atteintes d'une maladie de l'amiante et à leurs familles. « Mais au-delà de cette fonction revendicative, la manifestation des victimes de l'amiante est aussi une occasion unique de nous retrouver tous ensemble, de partager une journée de solidarité, souvent émouvante et forte qui laisse la plupart du temps un souvenir durable aux participants », précise Pierre Ansel, l'un des responsables de l'antenne calaisienne de l'Ardeva Dunkerque (Association régionale de défense des victimes de l'amiante).
La marche des veuves prévue ce jour est l'occasion de rappeler que les victimes de l'amiante attendent toujours un procès pénal. Aucun responsable de la plus grande catastrophe sanitaire que la France ait connue n'a encore été renvoyé devant un tribunal pénal. Dans cette attente dix Français décèdent chaque jour d'une maladie reconnue de l'amiante.

Petites avancées
et fausses joies

La mobilisation des veuves de l'amiante, soutenue par l'ensemble des Ardeva de France, avait permis que soit regroupé l'ensemble des plaintes au pôle judiciaire de santé publique. Manque de moyens. Fausse joie. Les magistrats de ce pôle ne disposent pas d'assez de moyens pour conduire une instruction de qualité. Instruction qui ne devrait pas pouvoir être close avant 2014. « Les empoisonneurs doivent être jugés  », martèle Pierre Ansel. La marche s'achèvera ainsi sous les fenêtres de Rachida Dati, la garde des Sceaux, pour exiger justice.
L'autre source d'inquiétude pour les associations est le projet de réforme de l'allocation de cessation anticipée d'activité, l'Acataa. Cette compensation est totalement inique puisqu'elle ne s'applique qu'aux salariés de quatre secteurs industriels (transformation d'amiante, flocage et calorifugeage, construction et réparation navale, dockers). De nombreux salariés, comme ceux du bâtiment, sont laissés de côté. « La préretraite amiante n'est pas un privilège, conclut Pierre Ansel. Ceux qui vont mourir plus tôt à cause de leur activité professionnelle doivent pouvoir cesser de travailler plus tôt. »
A.TH.

* Ardeva Calais, permanence chaque deuxième samedi du mois de 9 heures à 12 heures à la maison des associations, rue Hagueneau.
Permanences téléphoniques le soir, après 19 heures (sauf le mardi) au 03 28 68 27 19.

Nord Littoral

Un tueur en série connu depuis 1899

Alors qu'on le sait mortel depuis 1899, l'amiante n'a été interdit en France qu'en... 1997 ! L'industrie s'est régalée de cette fibre miracle - sans équivalent à ce jour - et en a honteusement abusé : bâtiment, construction navale, textile, automobile, industrie des matières plastiques, industrie alimentaire et pharmaceutique, etc. On estime à plus de 3 500 le nombre de produits dérivés contenant de l'amiante allant du bijou au grille-pain, en passant par le gant de cuisine ou le vin. Bref, l'amiante, tapi dans l'ombre, a hanté le quotidien de tous les Français durant des décennies.
L'amiante n'est cependant pas directement dangereux. Les bijoux en oeil de tigre ne sont pas dangereux, pas plus que le vin filtré par des filtres contenant de l'amiante n'est nocif - tout au moins consommé avec modération. C'est le taux d'empoussiérage de l'air créé par l'effritement ou la transformation des produits dérivés qui est dangereux.
Schématiquement, la fibre d'amiante se présente comme un minuscule pic. Inhalé, ce "cure-dent" deux mille fois plus fin qu'un cheveu peut rester coincé dans le système respiratoire. Dans ce cas, d'autres fibres viendront s'agglutiner. Le tueur est là, silencieux, imperceptible. A mesure, les poumons vont perdre leur élasticité jusqu'à devenir comme de la pierre. La maladie patiente ainsi cinq ans, dix ans, quinze, vingt ou trente ans. Quand elle se déclare, c'est la mort assurée dans les deux ans.

Un substitut plus dangereux
Mais les salariés de tous les secteurs en ont respiré. En 2007, l'Institut de veille sanitaire a estimé que 50 % des artisans français mis à la retraite en 2004 ont été exposés à l'amiante lors de leur vie professionnelle. Le résultat est tragique. Chaque jour, dix Français décèdent d'avoir respiré de l'amiante. Au dire des épidémiologistes, 100 000 morts sont à craindre prochainement dans l'Hexagone. Les maladies de l'amiante constituent la pire catastrophe sanitaire que la France connaisse. Cent milles morts sont prévus d'ici 2025. Quinze à vingt nouveaux cas de mésotheliome sont découverts chaque année dans le Nord/Pas-de-Calais. Le Calaisis compte un demi-millier de malades. Gouvernements et médecins savaient l'amiante mortel depuis 1905. Cette fibre n'a été interdite en France qu'en 1997. Une entreprise britannique comme Courtaulds n'utilisait pas d'amiante en Angleterre (puisqu'interdit depuis 1947) mais en abusa à Calais jusqu'à sa fermeture (au début des années 90) ! De plus en plus d'enseignants déclarent des pathologies dues à l'amiante. Qu'en sera-t-il de leurs élèves dans dix, vingt ou quarante ans ?
Depuis dix ans, l'amiante est remplacé dans bon nombre de ses applications par la fibre céramique réfractaire. Un soulagement ? Franchement pas. Certains affirment en effet que cette matière pourrait se révéler plus dangereuse encore que l'asbeste.

A.TH.

Les chiffres calaisiens de l'amiante

L'Ardeva a entamé 2 606 procédures dont 1 688 Fiva, 1 976 familles ont été indemnisées.
Pierre Ansel, Aimé Carbonnier, Jean-Claude Ghelin, et Serge Pitou ont assuré un millier d'heures de permanence en 2007 et reçu 255 personnes pour l'Ardeva.
Une vingtaine d'entreprises du Calaisis est reconnue Acataa (Allocation de cessation d'activité anticipée des travailleurs de l'amiante) ce qui permet aux "travailleurs de l'amiante" un départ à la retraite anticipé. Ils sont 220 répartis sur Boulogne (60), Calais (20), Dunkerque (100), Saint-Omer (20) et autres (20).
Parmi les anciens salariés de Courtaulds, 120 personnes sont atteintes d'une maladie de l'amiante, dont une vingtaine est décédée. Des chiffres en deçà de la réalité : certaines personnes ne tentent pas d'obtenir une quelconque indemnisation, d'autres ne font pas appel à l'Ardeva et constituent leur dossier individuellement. Il existe de nombreuses victimes parmi les salariés de la Socarénam, Rogliano, Khol, Blitz, Wanner, Scora, des employés du bâtiment ou des garages. Sans oublier deux enseignantes du Calaisis qui, elles aussi, ont contracté une maladie de l'amiante sur leur lieu de travail.
Une quarantaine de veuves calaisiennes et un veuf.

L'indemnisation Fiva est trop lente

La question des moyens, prégnante dans le volet judiciaire, semble l'être tout autant en ce qui concerne le Fiva, fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante. Ce fonds propose des indemnisations à l'amiable aux victimes, sans passer par des procédures longues. Le hic, c'est que le Fiva semble à son tour très long, faute de personnel : parfois plus d'un an d'attente pour une décision, la moitié en plus pour percevoir les sommes, alors que la loi prévoit 6-8 mois. Des sommes qui, au grand maximum atteignent 25 000 euros.

Prescription trentenaire
Les sénateurs envisagent de ramener de trente ans à cinq ans le délai de prescription de droit commun pour les actions personnelles et mobilières. Toutes les demandes de dommages et intérêts d'un salarié licencié, accidenté ou victime de discriminations devront être faites dans un délai de cinq ans. Au-delà tout recours en justice sera impossible. Tous ceux qui ont été en contact avec l'amiante et qui développeront une maladie dans les dix ou quarante ans ne pourront plus aller en justice.

Documentaire
à l'Alhambra

Le 24 octobre à 19 h 30 à l'Alhambra sera diffusé un documentaire intitulé "Mourir d'amiante". La projection sera suivie d'un débat animé par Pierre Pluta, président de l'Ardeva 62-59.

Démantèlement
du Clémenceau

L'ancien porte-avions français Clémenceau rejoindra-t-il le port anglais où il doit être démantelé par les chantiers Able UK ? Une association britannique a déposé un recours. L'association dénonce la présence d'amiante à bord du navire.

Gravats
amiantés

La préfecture de Seine-Saint-Denis a pris le 1er octobre deux arrêtés contre l'exploitation d'un site non déclaré de tri de déchets, où des sans-papiers affirment que de l'amiante était mélangée aux gravats de décharge.

« On ajoute de la douleur »

Sept ans après le décès de Michel Bremont, les deux Christiane, mère et fille, peinent à sécher leurs larmes. « Ce qui était très difficile à vivre c'est que je devais accoucher alors que mon père était en train de mourir, raconte la fille qui attendait des triplés. Mon père s'est battu pour les voir. Quand il a pu les toucher, il s'est laissé partir. » Michel Bremont est décédé le 14 mars 2001 à l'âge de 63 ans d'un cancer de l'amiante. Quelques semaines avant sa fille et son gendre ont obtenu du responsable du service néonatalité de Calais que Michel Bremont puisse rendre visite à ses trois petits enfants, sa bouteille d'oxygène sur le dos. « Mon mari aimait tellement les enfants , se souvient Christiane Bremont. Il a tout donné pour voir les triplés. Après, il s'en est allé. » Michel Bremont est un ancien de chez Courtauds. « Il s'est engagé sept ans dans l'armée, a participé à la guerre d'Algérie avant de travailler chez Brampton, chez Lombard, à l'Urssaf puis chez Courtaulds, égraine Christaine Bremond mère. Il a commencé à être malade en 1987 puis en 1988, il a été déclaré en invalidité permanente parce qu'il était atteint d'une fibrose pulmonaire. Il suit plusieurs traitements qui stabilisent sa maladie jusqu'en 2000 où on lui diagnostique des polypes sur la vessie qui se sont révélés précancéreux. Un cancer du poumon lui est en effet découvert au mois de juin de cette même année. Ce cancer a été reconnu comme cancer de l'amiante. Mon mari a subi trois protocoles de chimiothérapie, sans succès. » L'équipe médicale ne se fait pas d'illusion. Elle laisse Michel Bremont passer des fêtes de fin d'année tranquille. « Je peux vous assurer qu'on n'a pas vécu de bons moments », promet Christiane Bremont. D'autant que leur fille attendait des triplés...
La force de voir
ses petits enfants

La nouvelle année n'améliore pas la santé de Michel Brémont. Il est trop faible pour supporter une nouvelle chimiothérapie. Début février  2001, nul ne sait où il trouvera la force d'un ultime déplacement au centre hospitalier de Calais voir ses trois petits enfants nouveau-nés. Il décède quelques jours plus tard.
L'épouse de Michel Brémont décide de faire reconnaître la maladie de son époux. « Ça n'a pas été facile, relève Christiane Brémont. Mon mari ne travaillait pas dans l'usine mais dans les bureaux. Au début il était au service paye. Puis, à 46 ou 47 ans, il a passé son bac pour évoluer dans l'entreprise et devenir analyste-programmateur. » Le dossier a été déposé en 2006. En juin 2007, Christiane Brémont a reçu sa notification définitive. Désormais elle attend une proposition financière du Fiva. « Cette procédure est longue car on nous demande sans cesse des papiers supplémentaires, raconte Christiane Brémont. J'ai couru partout pour retrouver des collègues de mon mari et les convaincre de me rédiger des témoignages, des attestations. C'est regrettable qu'on ajoute ainsi de la douleur à la douleur... » Christiane Brémont suit attentivement l'activité de l'Ardeva qui l'aide dans ses démarches. Atteinte d'agoraphobie, elle ne fera pas le déplacement à Paris samedi. « Je le regrette. J'ai trop peur de la foule. Mais je serai de tout coeur avec eux », conclut Christiane Brémont.

A.TH.

* Fleuron de l'industrie calaisienne, Courtauds était le 1er producteur mondial de fibre synthétique. Des milliers de Calaisiens y ont travaillé jusqu'à sa fermeture en 1990. L'entreprise a été reconnue ayant pu contaminer ses salariés quelques années plus tard.

« Nous sommes dans le creux de la vague »

Quelles sont les revendications
de la marche des veuves organisées aujourd'hui à Paris ?
Pierre Pluta
 : « L'objectif est triple. D'abord le Fiva, fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante, n'a ni les moyens humains, ni les moyens financiers d'indemniser les victimes dans les délais imposés par la loi. Nous demanderons également que l'Acaata, l'allocation de cessation activité anticipée pour les travailleurs de l'amiante, soit élargie à d'autres professions que les quatre pour le moment retenues (transformation d'amiante, flocage et calorifugeage, construction et réparation navale, dockers). Je pense par exemple aux travailleurs du bâtiment ou de garages qui ont été largement exposés et qui n'y ont pas le droit. Ensuite, nous tenons à ce qu'il y ait un procès pénal de l'amiante. Grâce aux marches des veuves autour du palais de Justice de Dunkerque, nous avons pu faire avancer le dossier pénal. Un pôle d'instruction a été créé. » Une cellule d'instruction qui n'a pas les moyens d'enquêter.
« À force de nous battre nous avons obtenu que le pôle d'instruction ait enfin les moyens humains et financiers d'enquêter. Malheureusement les moyens attribués à ce pôle d'instruction ne sont pas affectés à l'amiante mais à d'autres investigations comme la lutte antidopage, en particulier dans le Tour de France, ou la lutte contre les trafics d'animaux ! Autant de fléaux plus médiatiques que le scandale de l'amiante. » On vous reproche régulièrement de vous acharner à réclamer un procès pénal des empoisonneurs ?
« Oui. On nous dit "vous êtes indemnisés, que voulez-vous de plus ?" mais pour nous c'est une question de dignité. Nous voulons que les gens qui savaient que l'amiante était dangereux et qui ont laissé faire rendent des comptes à la justice. Je pense aux employeurs, aux médecins du travail, aux gouvernants... À la justice ensuite de décider de leur sort. » Pour vous ce sont des assassins ?
« Je ne sais pas comment il faut les appeler. Ils sont cependant responsables de milliers de morts. On parle de 100 000 morts en France d'ici quelques années. Actuellement l'amiante tue dix personnes en France chaque jour, et nous sommes dans le creux de la vague ! Quand quelqu'un est responsable d'un accident, ou vole, il comparaît devant la justice. Pourquoi ces personnes ne le devraient pas ? Ce sont les veuves elles-mêmes qui réclament un procès pénal, disant qu'elles ne pourront faire leur deuil que lorsque ce procès aura eu lieu. » L'amiante a été remplacé par la fibre céramique réfractaire... «... Oui. Un matériau sans doute plus dangereux encore que l'amiante. » Sauf que désormais, les gens prennent des précautions, en France tout au moins, lorsqu'ils manipulent ce genre de matériau.
« En êtes-vous si sûr ? Selon les statistiques officielles 80 % des personnes qui travaillent sur un chantier de désamiantage ne prennent pas les précautions nécessaires. D'autre part, ces mêmes producteurs d'amiante qui nous ont empoisonnés continuent à exporter de l'amiante.
L'Andeva doit d'ailleurs faire face à un procès en diffamation attenté par le Canada parce qu'elle a écrit dans l'un de ses bulletins que ce pays utilisait de l'amiante. Le président de l'Andeva, François Desriaux, est d'ailleurs mis en examen. »
Propos recueillis par A.TH.

 

 


 
 
posté le 11/10/08

Plan séquence FESTIVAL D'ARRAS

 

 

Festival international du film d'arras
du 07 novembre au 16 novembre 2008
 
les premières infos au lieu suivant :
 
 
 


 
 
posté le 06/10/08

Journal le Monde 05 10 08

La grande majorité des films français sont déficitaires

Une étude, encore confidentielle, du Centre d'économie industrielle de l'Ecole des mines de Paris fait apparaître que l'immense majorité des films français ne sont pas rentables. Les auteurs ont passé au crible les 162 films français produits en 2005. Ils ont pris en compte leur exploitation pendant deux ans : salles, vidéo, chaînes de télévision cryptées et en clair, ventes à l'étranger. Seuls 15 longs métrages ont recouvré leurs dépenses de production et de distribution. Seuls 12 % des films étudiés sont rentables.


Cette étude, réalisée par Olivier Bomsel et Cécile Chamaret et financée par l'Agence nationale de la recherche, confirme celle de 1996, qui montrait que seuls 15 % des films gagnaient de l'argent. Un constat si navrant que les pouvoirs publics n'avaient plus renouvelé l'exercice.

Les recettes des 162 films de 2005 s'élèvent à 475 millions d'euros pour un investissement de 872 millions. Le déficit d'au moins 36 % des dépenses engagées est financé par les acteurs privés (comme les chaînes de télévision) et par les contribuables (redevance, crédit d'impôt, aides régionales, etc.).

Ces chiffres cachent d'extrêmes disparités : les 15 films bénéficiaires totalisent des recettes comprises entre 167 et 250 millions d'euros pour un investissement de 125 millions d'euros. Les films chers sont ceux qui s'avèrent le plus souvent rentables : 19,3 % des films de plus de 7 millions le sont, 11,6 % pour les films moyens (3-7 millions d'euros de budget), 3,9 % pour les petits (1 à 3 millions d'euros) et aucun pour les moins de 1 million d'euros. Mais certains films chers peuvent aussi provoquer des pertes abyssales.

LE RÔLE DE LA TÉLÉVISION

L'étude pointe où va majoritairement l'argent gagné : "Compte tenu des risques forts de l'industrie et du taux de succès supérieur des films chers, plus la filière est subventionnée (...), plus les bénéfices sont capturés par des acteurs privés échappant aux obligations d'investissement." Ce sont donc les producteurs intégrés aux réseaux d'exploitation des salles, comme UGC, Pathé, Gaumont, ou MK2 qui profitent le plus des succès et de la mutualisation des pertes.

Le sort des petits films (budget inférieur à 3 millions) est préoccupant : ils ne parviennent presque jamais à couvrir, par les recettes en salles, leur investissement de mise sur le marché. Au point que les auteurs se demandent si ce type de film a encore sa place en salles et s'il ne faudrait pas les réorienter vers la télévision.

Ce sont d'ailleurs les télévisions cryptées comme Canal Plus qui constituent la principale source de revenus des films français (51 %), loin devant les salles (38 %), l'exportation (6 %), les chaînes en clair (3 %) ou les DVD (2 %). Pour les films de moins de 7 millions d'euros, la télévision cryptée représente même 60 % des recettes. Pour les films américains, c'est le contraire : 53 % des revenus viennent de l'exportation, 25 % de la vidéo, 11 % des salles et 10 % des télévisions.

L'étude remet en cause le principe - réglementé - de ce qu'on appelle la chronologie des médias : imposer un délai d'exploitation d'un film dans les différents supports (salle, DVD, télévision, etc.) : "Il n'y a pas de raison pour que des films peu valorisés en salles soient pénalisés par une réglementation qui cible les grands succès."

A l'arrivée, les chiffres exposés et les mécanismes décryptés expliquent clairement le malaise du cinéma d'auteur en France.

Nicole Vulser

 

 

 


Commentaires

 

1. wilmo  le 09-10-2008 à 09:40:09

la grande majorité des films français ne donne pas envie de les voir...
y aurait-il une relation de cause à effet, on se le demande?

 
 
 
 

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