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Titre du blog : Les Amis de l'ALHAMBRA
Auteur : leblogdesamis
Date de création : 08-08-2008
 
posté le 13-10-2008 à 22:12:56

MORT DE GUILLAUME DEPARDIEU

Guillaume Depardieu, âgé de 37 ans, est mort lundi 13 octobre à l'hôpital de Garches (Hauts-de-Seine) après "avoir contracté un virus qui a provoqué une pneumonie foudroyante", comme l'a indiqué l'agence de son père, Artmedia.

Ci-dessous, un portrait consacré à l'acteur, paru dans l'édition du Monde du 23 mai dernier :

 

 

 

Guillaume Depardieu, comme un fauve

Contacté à Cannes, Guillaume Depardieu a d'abord refusé la rencontre. Avant de se raviser : "C'est qui le mec du Monde qui fait l'interview ?" Réponse de l'attaché de presse : "C'est pas un mec, c'est une fille." "Ah, c'est déjà mieux…" Fracassé de partout, passé par la drogue, par la prison, la prostitution, une jambe en moins depuis qu'il a contracté une maladie nosocomiale, des cicatrices dans tous les sens, qui décorent son grand corps émacié, Guillaume Depardieu a traversé l'enfer et donne l'impression de vouloir y rester. "Je suis affûté pour la guerre", dit-il, pour commencer l'entretien, tout en jetant son grand imperméable noir par terre.

C'est pour ses films qu'on a voulu le rencontrer, pour la nouvelle direction vers le cinéma d'auteur, qu'il a choisie depuis qu'on l'a vu chez Jacques Rivette, dans Ne touchez pas la hache. Pour la nouvelle puissance qu'il dégage à l'écran aussi. Avant sa maladie, et malgré une filmographie jusque-là sans grand relief, on avait repéré qu'il prenait de l'envergure... "Ils disent tous ça", coupe-t-il, agacé... Dans Pola X, de Leos Carax, mais aussi dans un film plus insignifiant, comme Le Pharmacien de garde, de Jean Veber, auquel il apportait une intrigante densité.

A Cannes, cette année, on l'a d'abord vu brûler l'écran chez Bertrand Bonello, dans De la guerre présenté le 17 mai à la Quinzaine des réalisateurs. Il y joue le rôle secondaire mais captivant d'un passeur, soldat recruteur d'une communauté hédoniste et guerrière. Pierre Schoeller, quant à lui, lui a offert le premier rôle de Versailles – projeté le 19 mai dans la section Un certain regard –, celui d'un vagabond magnifique installé dans les bois qui recueille malgré lui l'enfant d'une SDF et devient son père de substitution.

"Guillaume, je n'aurais pas pu faire ce film sans toi", a déclaré Pierre Schoeller en présentant son film au public lundi soir. Et pour cause. Cet ermite moderne qu'il interprète et qui déclare "Je serai grand et rugueux, comme il sied à un guerrier" lui ressemble de manière troublante. Sauvage et fêlé, agressif et tendre, il fait écho au vécu et à la personnalité complexe, dérangeante mais extrêmement touchante, de son interprète. "Guillaume Depardieu est le personnage ; on n'a même pas eu besoin de le maquiller", confirme David Thion, producteur au sein de Pelléas, la société qui a produit ce film ainsi que les comédies de Pierre Salvadori, dans lesquelles Depardieu fils s'est fait un prénom.

A chaque question, la réponse fuse, courte, acérée, parfois cryptée, parfois grossière, parfois contradictoire avec la précédente. Guillaume Depardieu observe le moindre de vos gestes, vous fixe intensément dans le fond des yeux, comme s'il voulait saisir une vérité qui y serait enfouie. Pour comprendre ses réponses, il faut parfois insister. Il faut admettre aussi qu'on ne comprendra pas tout.

Pourquoi avoir accepté ce rôle, chez Bertrand Bonello ? "Parce que dans le titre, il y a le mot "guerre". Et parce que Asia Argento", l'actrice italienne qui dans le film joue le rôle du leader d'une secte. Bonello a longtemps cherché un acteur plus vieux, jusqu'à ce que la prestation de Guillaume Depardieu dans Ne touchez pas la hache le convainque que c'est lui qui était fait pour le rôle. Aujourd'hui, il le compare à Jean-Pierre Léaud, ce qui n'est pas un mince compliment. "Guillaume, c'est un bloc émotionnel pur qui rentre dans le cadre. Il ne fait pas les choses à la légère. Je l'ai vu pleurer en disant : "J'ai raté le plan." Seulement si les gens ne sont pas capables de lui faire face, il peut sans doute broyer."

Sur la plage, Depardieu fils agresse quiconque entrave sa tranquillité. Une équipe de télé déplace son manteau : il se lève comme un fauve, attrape le responsable, et exige, en lui parlant comme à un chien, qu'il le remette à sa place tout de suite. Un journaliste de Star Mag interrompt l'entretien pour lui demander s'il accepterait de suivre avec lui un match de foot de Ligue 1 à la télévision. Il le mouche avant même de comprendre la proposition, puis se radoucit, mais le jeune homme a déjà disparu en s'excusant. Remords : "Merde, j'ai été malpoli avec lui ! Il était gentil... Merde, merde, merde !"

Guillaume Depardieu dit recevoir beaucoup de propositions de rôle. Il aurait refusé de jouer Rimbaud, dans un film qui, selon lui, ne se fera jamais : "Qui d'autre que moi peut jouer Rimbaud ?" Qu'est-ce qui le conduit à accepter ? "Le féminin. Féminin… pluriel." Autrement dit, les femmes. Car cela implique "un truc à tenter, une aventure". Si l'on évoque une actrice en particulier, il oscille entre "Celle-là je l'ai baisée" et des déclarations fleur bleue comme : "Dans Ne touchez pas la hache, j'étais censé être amoureux de Jeanne Balibar, et sur le tournage, je le suis devenu."

Et puis il y a sa mère, Elisabeth Depardieu, actrice et présidente de l'association Emergence qui a soutenu le film Versailles, et avec qui les rapports semblent pour le moins ambivalents. Elle est la cause de sa présence dans le film, dit-il. Pourquoi ? "Elle ne voulait pas que je le fasse." On n'en saura pas plus. Du côté du père, Gérard, avec qui les rapports ont longtemps été tempétueux, la doctrine du jour tient en trois mots : "Papa je t'aime."

Sans doute n'est-il pas aisé, à travers ce florilège de provocations théâtrales, de saisir ce que le personnage dégage d'émouvant. Cela passe par sa gestuelle, par la manière qu'il a de parier sur son interlocuteur, par la douceur avec laquelle il s'adresse à sa petite amie aussi, une jeune machiniste rencontrée sur le tournage de De la guerre qui a assisté à tout l'entretien. Est-elle là pour veiller sur lui ? "C'est plutôt moi qui veille sur elle, répond l'intéressé. Disons qu'on s'autoveille."

Plutôt humble, il chante les louanges de ceux qu'il admire. Mathieu Amalric, Maurice Pialat, Clint Eastwood, Billy Wilder, Leos Carax, Jean Dujardin qui le fait "rire, et donc exister", ou encore Jacques Rivette : "Grâce à lui, j'ai commencé à croire au cinéma, à la lumière, au plan-séquence, au travelling." Guillaume Depardieu a manqué d'embrasser une carrière de pianiste. Il a écrit des chansons pour Barbara. Actuellement, il prépare un album.

Au cinéma, on devrait le voir bientôt chez Jacques Nolot, dans le rôle d'un voleur, et peut être derrière la caméra, pour un film qu'il ferait "entièrement avec des femmes". Crânement, il annonce aussi qu'il va se présenter aux élections de 2012.

"C'est un immense comédien, dit de lui David Thion. Et quelqu'un d'adorable. Une personnalité fragile et complexe, en souffrance. Un véritable artiste." Au dos de son tee-shirt rouge est écrit LATENDRESSE. C'est le nom d'un joueur de hockey canadien. Guillaume de son prénom.

Isabelle Regnier

 

 

 

 

 

Commentaires

Galate2 le 14-10-2008 à 20:44:37
Et oui...malheureusement ce ne sont pas les brêles qui partent en premier...

bonne soirée