La situation de l'Alhambra est paradoxale. Le cinéma de centre-ville, en redressement judiciaire depuis février, est toujours dans l'incertitude, mais il est soutenu de toutes parts. Les murs du cinéma, tapissé de messages de sympathie, attestent de sa cote d'amour auprès du public calaisien. La Ville, également, affirme ne pas vouloir laisser tomber l'Alhambra (lire ci-dessous l'interview d'Antoine Deguines).

Pour le gérant du cinéma, Arnaud Clappier, le mois de juillet s'annonce capital. Le 30 juillet, il devra se rendre à nouveau à Boulogne, devant le tribunal de commerce. « Vraisemblablement, la mesure de redressement judiciaire devrait être prolongée, prévoit-il. J'espère que la durée de cette prolongation ne sera pas trop longue, car vis-à-vis des fournisseurs ou des distributeurs, ce n'est pas une position confortable.

 » Devant le juge consulaire, Arnaud Clappier pourra apporter des éléments nouveaux. D'abord, une fréquentation en hausse depuis le début de l'année : « Le film Welcome a bien marché, rappelle Arnaud Clappier. Et nous avons la chance d'avoir L'Âge de Glace et leHarry Potter en sortie nationale. » Ensuite, le gérant du cinéma en saura plus sur l'aide de la Ville. Le 3 juillet, une très importante réunion est prévue entre la Société des Films de la Basse-Cour qui exploite l'Alhambra, et les services culturel, financier et juridique de la municipalité. «  Au terme de ce rendez-vous nous devrions en savoir plus sur la manière dont nous allons poursuivre l'exploitation : soit sous forme associative, soit sous forme commerciale avec une aide municipale. » Car juridiquement, et contrairement à ce que l'on pouvait penser, il est possible à une collectivité locale d'aider financièrement les cinémas d'art &essai, même si ceux-ci sont des sociétés privées. Et ceci grâce à la Loi Sueur, promulguée en 1993.

Quel que soit le mode juridique choisi, l'Alhambra pourra poursuivre sa route : «  Tel qu'il est, à son niveau d'exploitation, le cinéma est viable », conclut Arnaud Clappier. La fragilité du cinéma est toujours due à cette dette de 300 000 E contractée pour la rénovation du bâtiment, que la société a du mal à rembourser. • B. M.

« Notre position n'a pas varié depuis le début de l'année, la Ville souhaite pérenniser l'activité du cinéma de centre-ville. Nous avons déjà eu des rencontres entre les gérants du cinéma et les différents services concernés. L'engagement formel est double : maintenir le cinéma, et maintenir Arnaud Clappier à sa tête. » > Sous quelle forme juridique ?

« Nous ne le savons pas encore, et ce sera tout l'enjeu de la réunion du 3 juillet. Il y a plusieurs pistes. Néanmoins, il semblerait que le cinéma ait enregistré de bons résultats au premier semestre, ce qui plaiderait pour la poursuite de l'activité commerciale. La Ville peut actionner plusieurs leviers, elle peut aider de manière plus directe par exemple pour la réalisation de la gazette. Encore une fois, il faut mettre tout cela à plat et dégager la meilleure solution le 3 juillet. Il est important que la société puisse se présenter avec un dossier solide devant le tribunal de commerce à la fin du mois de juillet. » > Société ou association, avez-vous une préférence ?

« S'il est montré que la société est viable, autant continuer comme cela. Je tiens également à répéter mon engagement en faveur d'Arnaud Clappier, qui réalise un travail reconnu pas tous : les Calaisiens d'abord, mais aussi toute la profession du cinéma, au sein de laquelle il jouit d'une formidable réputation. C'est une vraie pointure. » •