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Titre du blog : Les Amis de l'ALHAMBRA
Auteur : leblogdesamis
Date de création : 08-08-2008
 
posté le 09-06-2009 à 14:09:44

Retenez votre soirée du 26 juin 09

 

 

En partenariat avec le Cinéma Alhambra, la ligue des droits de l’homme de Calais propose une projection/débat autour de la campagne lancée par la Fondation Copernic « le travail tue en toute impunité, pour combien de temps encore » ? Après la projection du film  de Jean Michel CARRE, « j’ai très mal au travail », Louis Marie Barnier, syndicaliste, sociologue, membre de COPERNIC, animera un débat et présentera les enjeux de cette campagne.Valéry Montourcy, avocat,  coauteur d’un ouvrage sur le harcelèment au travail sera présent et dédicacera son livre.

Rendez vous au Cinéma,  le vendredi 26 juin à 20h.

 

http://www.fondation-copernic.org/spip.php?article218

 

 Pour les plus courageux et les plus motivés, un peu de lecture,

Valérie

Travailler tue…en toute impunité – Eléments

 

pour se mobiliser

 

par Louis-Marie Barnier, sociologue, ancien secrétaire de CHS-CT, Fondation Copernic.Le mensuel Regards vient de relayer la pétition « Travailler tue », dans son numéro d’Avril 2009. Louis-Marie Barnier, sociologue et ancien délégué CHST, en explique les enjeux.Travailler tue… Parmi les 1,4 millions d’accidentés du travail en France en 2006, près de 50 000 salariés ont subi une incapacité permanente suite à un accident du travail, 537 salariés ont perdu la vie à cause de leur travail. A ce chiffre s’ajoutent les décès liés aux maladies professionnelles, reconnues et non reconnues, les décès provoqués par les choix de rentabilité des entreprises en dehors de leurs murs, la dégradation permanente de la santé des travailleurs et des populations. Et pourtant, combien d’employeurs sanctionnés pénalement ?La soif de dividendes, à l’origine de la phase actuelle de la crise économique, s’exprime par une pression constante sur les salariés. Non contente de soumettre les salaires à une cure permanente d’amaigrissement, elle s’est aussi traduite par une dégradation des conditions de travail des salariés. Toujours plus de profits, voilà le mot d’ordre. Cette recherche continue de productivité accentue la domination autoritaire sur les salariés. L’autonomie, tant encensée comme nouvelle source de productivité, se referme alors comme un piège sur des salariés qui n’ont pas les moyens de répondre aux attentes managériales. Ils deviennent comptables de chaque erreur, de chaque contournement de normes de travail toujours plus contraignantes… La voie est alors ouverte à des manquements à la sécurité, dont ils deviendraient seuls responsables.Des voix s’élèvent contre cet état de fait qui exonère les employeurs, et à travers eux le système économique, de leurs choix. De multiples initiatives syndicales, associatives, mettent en évidence ces responsabilités, à commencer dans le dossier emblématique de l’amiante. La Fondation Copernic, en s’élevant contre l’impunité patronale, vise à relayer ces voix éparses. On ne peut réduire la sécurité à une obligation dont se dédouanerait l’employeur en payant de simples « dommages et intérêts ».« Ceux qui peuplent les usines (...) ne sont pas des hommes libres ; l’étau de la subordination leur est rendu sensible à travers les sens, le corps, les mille petits détails qui remplissent les minutes dont est constituée une vie  ». L’usage, et donc l’usure de la force de travail constituent le fondement de l’exploitation capitaliste.Le travail déborde de l’entreprise. La perception sociale de cette situation s’est transformée. L’entreprise, qui devait sauver la société dans les années 1980, se retrouve au banc des accusés. La pénibilité est devenue un enjeu social, et ce mouvement interroge le travail dans son fondement, le pouvoir patronal. La résistance peut-elle rester du seul ressort des salariés ? Il s’opère une prise de conscience de la contradiction consubstantielle au travail : il est difficile de s’opposer à l’entreprise en restant dans son seul cadre. Certes le contre-pouvoir des salariés, à travers de nouveaux droits dans l’entreprise, est une voie nécessaire pour ouvrir de nouveaux espaces. Le syndicalisme exprime cette nécessité de la coopération dans le travail, cette dimension humaine du travail sans lequel il n’y aurait pas de travail.Mais quelle latitude pour imposer ce droit quand l’entreprise soumet les salariés au chantage de l’emploi ? Quelle liberté de résistance quand il y a sanction ou licenciement des élus des salariés (32% des élus considèrent que leur fonction freine leur évolution professionnelle) ? Quelle liberté pour l’élu du CHS-CT quand la suspension d’une production dangereuse (ce que la loi autorise en cas de « danger grave et imminent ») menace la fermeture d’une activité ? Cet élu du CHS-CT ne devient-il pas lui-même responsable s’il ne dit rien, par un retournement de situation ?Les salariés doivent trouver l’appui d’un rapport de force externe pour imposer le respect de droits fondamentaux. Ils ne pourront lever seuls la chape de l’acceptation des stigmates liés à de la « condition ouvrière ». Tel est le sens de cet appel lancé par la Fondation Copernic.Les obstacles sont nombreux, à commencer par ces Etats dans l’Etat que veulent constituer les entreprises. Les lois de la République ne s’y appliqueraient pas. Laurence Parisot l’a rappelé, à ses yeux le droit de propriété octroie au patronat le pouvoir, et nul ne saurait le restreindre.La loi, c’est d’abord la visibilité des atteintes à la santé, des maladies professionnelles. La loi, c’est, à travers l’application du Code pénal, l’obligation pour l’employeur d’utiliser son pouvoir personnel pour au minimum ne pas attenter à la santé d’autrui par le travail qu’il impose. La loi, c’est le respect de la vie d’autrui. Les profits ne peuvent relever d’une logique supérieure à la vie du salarié.  

Campagne !

par Caroline Mécary et Willy Pelletier

Chaque jour, depuis des dizaines d’années, des salariés meurent deux fois. Leurs familles souffrent deux fois. Ce sont des mots. C’était la vie de Jérôme Bianco. Qui meurt en lavant des vitres. Qui tombe d’une nacelle. Parce que L’Oréal fait des « économies » sur les rambardes de sécurité et utilise un sous-traitant. Lequel, à son tour, fait des économies sur la formation et les équipements de protection. Et puis, là, au Technocentre Renault-Guyancourt, c’est un salarié qui saute du 5ème étage devant ses collègues, victime d’impératifs de productivité intenables, et des harcèlements qui vont avec. Quelques mois après, pour relaxer ses collègues, dans le Hall du Technocentre, un piano convoqué par la direction, jouait de la musique d’ambiance ! Kafka new look version DRH « trop cool ». Pas un jour sans morts au travail (2 quotidiennement). Pas un jour sans cette seconde mort, cette souffrance supplémentaire, inouïe, inacceptable, qu’est ce silence de plomb qui accompagne les morts liées au travail. Et puis, arrivent les réparations judiciaires qui ne réparent rien : du sursis pour les entreprises, des amendes dérisoires pour une vie…bref le laissez-faire et le mépris ; les sous-traitants pour remparts aux donneurs d’ordre. Et encore. A condition que l’affaire aille aux tribunaux, et que les pressions d’entreprise ne découragent pas les familles. Silence, on tue. Circulez, rien à voir, nul n’est responsable, personne n’est coupable (à moins que ce ne soit le salarié décédé…). Cela suffit !

Deux morts par jour d’accidents du travail, deux suicides par jour liés au travail, cela suffit ! Huit morts par jour d’exposition à l’amiante, et combien, aujourd’hui même, d’exposés aux radiations dissimulées dans les centrales nucléaires. Les peintures cancérigènes, les sans-papiers « corvéables à merci » dans le BTP ou l’agriculture, cela suffit. Et cette impunité systématique des entreprises…quand piétiner la pelouse de Christian Clavier, en Corse, mobilise l’Etat.

Travailler tue, en toute impunité. Mais le silence - qui rend ce scandale possible - est aussi notre faute : nous n’avons pas pu, nous n’avons pas su, nous n’avons pas encore (sauf pour l’amiante) créé le rapport de force qui rende ce silence impossible. Et c’est maintenant, précisément, ce que nous avons à faire : fabriquer la force du nombre qui bouscule le silence et oblige la loi à changer ou à être appliquée.

Nous sommes 3400 à avoir signé l’Appel « Travailler Tue, en toute impunité ». Il faut pour la fin de l’année, ajouter un 0 à ce chiffre. Donc, mener campagne ! A Marseille, Calais, Grenoble, Lille, Beauvais, Bordeaux, Rodez, Saint-Denis, Saint-Nazaire, Mulhouse…et même à Neuilly. Comment l’organiser ? De la plus simple des façons. Comme elle s’organisa après l’Appel Copernic contre la constitution européenne. Par des initiatives locales à géométries variables. Ici, ce seront les amis du Diplo qui piloteront avec Attac, ici peut-être une section CGT, ici peut-être un groupe NPA, ici la section Sud, là le Parti de Gauche, là encore le PCF… et tous ensemble dans certaines localités, quelques-uns ensemble dans d’autres. A Copernic, nous allons solliciter partout l’organisation locale de ces réunions. Mais Copernic doit être dépassée.

La Fondation Copernic doit jouer tout son rôle, lancer l’alerte, avec et après bien d’autres d’ailleurs. Faire trait d’union, proposer des contre-expertises, ramasser les signatures, mettre en communication. Nous continuerons. La cause que nous défendons néanmoins nous dépasse. Elle dépasse telle ou telle organisation. Elle dépasse Copernic. Elle ne gagnera qu’autant qu’elle deviendra bien commun. Ce qui serait bien légitime puisqu’elle vise le bien commun.

La campagne « Travailler tue » débutera à bas bruit. Soit. Mais tenons-là. Tenons-là longtemps. Et si nous la tenons, si nous la tenons longtemps, elle fera du bruit, de ce bruit que tous les puissants d’entreprises, de presse, ou de tribunaux, craignent et étouffent.