VEF Blog

Titre du blog : Les Amis de l'ALHAMBRA
Auteur : leblogdesamis
Date de création : 08-08-2008
 
posté le 31-05-2009 à 07:55:27

Les ex-Levi's comédiennes n'ont plus de bleus à l'âme

Vous vous souvenez des "Mains Bleues" qui étaient venues nous parler de leur vie après Levi's?

voilà quelques bonnes nouvelles...

 

Les ex-Levi's comédiennes n'ont plus de bleus à l'âme

dimanche 31.05.2009, 04:47 - La Voix du Nord

 

 

Nous poursuivons notre série sur ces Nordistes qui ont été plongés subitement au coeur d'une brûlante actualité. Aujourd'hui, trois des cinq ex-ouvrières de chez Levi's qui, après la fermeture de leur usine, avaient été retenues pour jouer au théâtre leur quotidien de labeur. Aujourd'hui, elles semblent heureuses mais pensent aux collègues qui n'ont pas eu cette « chance » de guérir leurs blessures puis de rebondir grâce à ce qui fut le rôle de leur vie.

 

PAR LAURENT DECOTTE

OAS_AD('Position1'); 

region@lavoixdunord.fr PHOTO PATRICK JAMES

Leur usine située à La Bassée a bien changé. Elles l'ont quittée il y a dix ans cette année, en pleurs, malgré des mois de combats, soudées, qui n'ont pas fait reculer leur direction vaille que vaille déterminée. Levi's délocalisait, et par là même privait de leur métier 541 salariées, la plupart ouvrières qui, pour certaines, y bossaient depuis une trentaine d'années. Dans ce lot numéroté comme un paquet de toiles bleues, Brigitte, Dominique, Catherine (à gauche sur la photo), Patricia (à droite) et Thérèse (au centre), choisies par la suite pour jouer 501 Blues au théâtre, le succès à la clé.

Promesse tenue

Nous avons pris rendez-vous avec les trois dernières, ci-avant citées, devant leur ex-usine occupée depuis par une société de location de réfrigérateurs. Les larmes ne sont plus là, mais les souvenirs reviennent, dans la bonne humeur, comme des quadras qui retrouveraient ensemble l'école de leur enfance.

Brigitte et Thérèse sont aujourd'hui à l'âge de la retraite ou presque. En revanche, les trois benjamines travaillent au conseil régional : Catherine est agent d'accueil, Patricia agent au service du protocole, par exemple chargée des cadeaux, et Dominique à la culture. « Alors qu'on venait de jouer "501 Blues" au conseil régional, Daniel Percheron, le président, est venu nous voir », racontent-elles en choeur. « Quand il a su qu'on était sur le point de ne plus toucher le chômage, il nous a promis de nous aider. On a pensé que c'étaient des belles promesses, on nous en avait déjà tellement fait. Mais huit jours après, il nous rappelait. » Pour elles, cette expérience théâtrale a été leur «  grande chance ». Ça leur a ouvert des portes, ça les a libérées, ça a servi d'exutoire et surtout ça leur a redonné confiance en elles, alors qu'elles avaient été comme salies d'avoir été licenciées. Mais elles pensent aux copines, qui n'ont pas vécu cette expérience et qui, pour beaucoup, sont restées sur le carreau. Elles pestent contre les cellules de reclassement, crient «  foutaise » devant leur télé quand elles entendent ce que l'on promet aux futurs licenciés et conseillent d'avoir du «  culot  », de tout essayer. Si c'était à refaire, Thérèse n'aurait pas emballé le dernier paquet de jean's, le dernier jour, regrettant d'avoir été automate jusqu'au bout.

Avec le recul, la vie en usine leur a beaucoup appris : le travail, la rigueur. Mais voyant ce que peut être la vie professionnelle ailleurs, Patricia regrette un peu d'avoir passé trente années à la chaîne, mais certainement pas d'avoir mené le combat pour la maintenir. «  Il fallait sauver notre emploi et celui des filles », question de dignité. Et de constater, sans jugement aucun sur cet état de fait, mais comme un message à ceux qui n'en ont cure : «  L'usine, c'était notre vie ». •