Dépôt de bilan. L'annonce avait fait l'effet d'un coup de massue pour tous ceux qui passent régulièrement les portes de l'Alhambra.
Et, comme les amoureux du cinéma ne sont pas forcément très calés en droit des entreprises, ces quelques mots ont fait peur. «
Est-ce que ça veut dire que ça va fermer ? », « jusque quand nos billets sont-ils valables ? », « les films restent-ils à l'affiche ? » ont été parmi les interrogations de ceux qui croyaient que ce dépôt de bilan équivalait à une fermeture annoncée. Il n'en est rien. Certes, la situation du cinéma de centre-ville est préoccupante... mais loin d'être désespérée.
Et maintenant ?
Le dépôt de bilan a d'abord permis aux propriétaires de gagner du temps, pour trouver une solution.
Après cette procédure de dépôt de bilan, c'est soit le redressement judiciaire, soit la liquidation. Pas de liquidation à l'horizon pour l'Alhambra. Hier après-midi, Arnaud Clappier s'est rendu au tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer. Là où le redressement judiciaire de la SARL Les Films de la Basse-Cour lui a été signifié.
Il était accompagné de Guillaume Poulet, cofondateur de la société, de Philippe Moulinec, leur comptable, et de Perrine, représentante du personnel.
« Ça a duré quelques minutes, a expliqué hier Arnaud Clappier, qui a trouvé cette entrevue
simple, et rapide... ils ont demandé quelques détails concernant la comptabilité et la trésorerie, et se sont presque étonné qu'on demande un redressement ». De fait, la situation de l'Alhambra n'est pas catastrophique,
« et je n'ai pas attendu d'avoir le couteau sous la gorge pour prendre une décision... je pense que d'habitude, ils voient des cas plus graves ».
Les Films de la Basse-Cour sont maintenant placés sous tutelle. Christian Wiard a été nommé mandataire judiciaire, pour au moins deux mois. Les dettes du cinéma sont gelées,
« et on va voir comment le cinéma fonctionne, ça donnera des indicateurs sur sa viabilité ».Le redressement a été décidé pour une période de deux à six mois, pour le moment.
« Ça nous donne le temps de nous mettre autour d'une table avec la Ville et de voir comment on peut faire » précise Arnaud Clappier, qui sait que
« tout reste à définir ».
La Ville en soutien « Cette procédure de redressement judiciaire permet de désigner un mandataire judiciaire, qui va représenter la société pendant toute la période de redressement » confirme Antoine Deguines, adjoint à la culture à la ville de Calais. Mais hier après-midi, c'est en sa qualité d'avocat que le Calaisien a accompagné Arnaud Clapper. A titre « bénévole » insiste bien Antoine Deguines, souhaitant par là « éviter à Arnaud Clappier des frais d'avocat, et lui faire profiter de ma fonction pour l'aider dans certaines démarches et le conseiller ».
Durant la procédure de redressement judiciaire, qui ne peut s'écouler que sur « dix-huit mois maximum », prévient Antoine Deguines, les dettes du cinéma seront gelées.
« La municipalité ne veut pas que le cinéma ferme !, appuie l'avocat. Mais la ville ne pouvait pas aller plus loin dans son aide. Nous demandons déjà un loyer symbolique au cinéma, ce qui n'est pas négligeable. Après, la municipalité pourrait se faire reprocher une gestion de fait dans une société commerciale ». La municipalité ne pourra donc aider la salle obscure que lorsqu'une nouvelle structure juridique sera définie pour gérer le cinéma. Car la SARL est amenée à disparaître. Au profit de quoi ? Nul ne le sait encore. « Si c'est une association par exemple, la municipalité pourra aider en donnant des subventions, détaille Antoine Deguines. Si c'est une société commerciale, la ville pourra par exemple aider en faisant sa publicité institutionnelle dans la gazette ».
T.R. et M.-F.H.