
Certains ont pris une semaine de vacances pour ne rien rater. D’autres viendront les week-ends de Paris ou de Bruxelles et ont déjà réservé leurs billets de train. Le festival international du film d’Arras, L’autre cinéma, inventé par l’Association Plan-Séquence, est inscrit sur les agendas d’une année sur l’autre. Très tôt, les spéculations vont bon train. Quelles vedettes fouleront les pavés d’Artois, cette année ? Éric Miot, délégué général et Nadia Paschetto, directrice, s’amusent. Ils savent que certains noms déclencheront l’émeute. John Boorman et Dany Boon sont de ceux-là…
51 391 spectateurs, 2 354 projections, dix jours d’émotion intense à 
rencontrer des réalisateurs, des comédiens, et à découvrir des films 
remarquables. Voilà pour le festival 2007 .
L’édition 2008 frémit. 
Bouillonnement prévu du 7 au 16 novembre. L’effervescence est telle cette année 
que le casino d’Arras deviendra pour l’occasion une salle obscure - presque - à 
part entière, complétant les belles salles du Cinémovida. «Il est trop 
dommage de refuser du public sur les grosses projections !», regrette Éric 
Miot. Les spectateurs viennent de plus en plus loin, pas question de les 
décevoir. 
Pas question de décevoir qui que ce soit, d’ailleurs, car l’année 
est décisive. L’État, qui a repris les forces de soutien du CNC, apporte son 
aide à 27 festivals. L’Autre cinéma est le seul festival du Nord - 
Pas-de-Calais à devenir d’intérêt national. «L’enjeu est grand ! souligne 
le délégué général. Nous portons le poids de la région !» 
Sur le fil 
rouge qui tire le festival depuis sa création (concilier les films d’auteur et 
les films grand public), est inscrit chaque année le même schéma: un invité 
d’honneur, des avant-premières des films inédits du monde et d’Europe, des 
rétrospectives et un gouleyant cycle pour enfants. Pour cette édition 2008, le 
réalisateur américain John Boorman le papa d’Excalibur ou de La Forêt 
d’émeraude posera le pied à Arras et donnera «Une leçon de cinéma». 
Rendez-vous le vendredi 14 novembre de 14 h 30 à 16 h 30 à l’amphi Churchill. 
Bien sûr, une rétrospective de son œuvre est proposée avec notamment la 
projection en copie neuve de Zardoz et de son tout premier film The 
tiger’s tail, inédit en France.
Excalibur a donné le thème de la 
rétrospective qui explore, comme tous les ans, le cinéma des années 70-80. 
«Héroïc Fantasy, les années 80» proposera aux spectateurs un voyage dans le 
monde médiéval avec fées, gnomes et chevaliers hardis. Revoir Conan le 
barbare, The dark crystal ou Willow sur grand écran sera un 
régal...
Rétrospective encore, celle qui est consacrée à la Grande Guerre. 
L’Autre cinéma présente une sélection de films remarquables sur le 
conflit, en particulier Charlot soldat (1918), les Quatre cavaliers de 
l’apocalypse (1921) en ciné-concert dans une superbe copie restaurée, Les 
Sentiers de la gloire (1957), Le Pantalon (1997) d’Yves Boisset, tiré 
d’une histoire vraie... 
Avant-premières
Cette année encore, le festival propose un panorama 
de la production mondiale à travers une quinzaine d’avant-premières nationales 
et internationales. «Les œuvres d’auteurs reconnus côtoieront celles de 
jeunes réalisateurs au talent prometteur», explique Éric Miot. Ainsi, le 
film de clôture du festival, Louise Michel (France) de Benoît Delépine et 
Gustav Kerven se disputera la vedette avec le film britannique The 
Duchess de Saul Dibb, Pride and Glory de Gavin O’Connor (USA) avec 
Edard Norton et Colin Farrell, ou Hunger (Royaume-Uni) de Steve McQueen 
(caméra d’or Cannes 2008).
S’agissant de la rubrique Cinéma du monde, un 
choix de films inédits et, là aussi, d’avant-premières, devrait bouleverser ceux 
qui aiment les sujets qui parlent de la société aujourd’hui. Les œuvres 
viendront d’Argentine, de Chine, du Chili, de Russie... 
Les Inédits d’Europe 
sont une spécialité du festival d’Arras qui, on le sait, a une attirance 
certaine pour les films des pays de l’est.. «Ces pays ont beaucoup de choses 
à dire, assure Éric Miot, mais leurs films sont peu projetés...» Ils 
ne sont en tout cas pas connus en France. Les œuvres viendront de Bulgarie, de 
Serbie, de Pologne, de Macédoine, de Croatie... et seront en lice pour un «Coup 
de cœur du public» et un «Prix du Syndicat français de la critique de cinéma», 
dont le jury sera présidé par Charles Tesson. Bien sûr, comme pour la plupart 
des films présentés durant le festival, les projections seront accompagnées de 
leur réalisateur ou de comédiens... Une chance et un grand trésor pour les 
spectateurs qui, au fil du temps, ont associé le festival comme une des plus 
belles aventures culturelles du Pas-de-Calais.
Rens. 03 21 59 56 30
Marie-Pierre Griffon
L'Echo du Pas-de-Calais n°96 - 
Octobre-Novembre 2008