Trois ans après, l'Alhambra reste avant tout « un rêve de cinéma »
samedi 13.09.2008, 04:59 - La Voix du Nord
Arnaud Clappier regarde l'avenir de l'Alhambra avec une relative confiance.
| ANNIVERSAIRE |
Le 24 août 2005, l'Alhambra donnait sa première séance. Un peu plus de trois ans et quelques écueils plus tard, Arnaud Clappier se veut moins « idéaliste » qu'au début de l'aventure. Mais reste ancré dans sa volonté d'ouvrir à tous les publics toutes les formes de cinéma, même s'il sait qu'il ne fera « jamais fortune »...
PAR HÉLÈNE HARBONNIER
« Ça s'est confirmé au bout de la première année : ça allait être beaucoup plus dur que ce que nous avions prévu. » Lorsque le duo portant la Société des Films de la Basse-Cour se lance dans l'aventure de l'Alhambra, en 2005, il délaisse bientôt la fleur au fusil pour se plonger dans les réalités comptables. Aujourd'hui, gouailleur, bavard, rêveur et passionné, Arnaud Clappier l'est toujours. Mais surtout plus réaliste. « On fait un peu plus gaffe, on se serre un peu plus la ceinture dans les limites du raisonnable. On est objectifs et un peu moins idéalistes », raconte-t-il.
Et à ce jour, si l'Alhambra n'a pas encore atteint « l'équilibre » en termes financiers, « on y travaille » et le cinéma se porte « plutôt pas mal ». Même si, dans un contexte où la fréquentation nationale des salles obscures ne cesse de baisser, « c'est la première année où nous ne serons pas en progression, il est possible qu'on baisse légèrement. Mais dans la conjoncture, on se porte plutôt mieux que d'autres. » Le départ l'an dernier de l'autre moitié du duo fondateur, Guillaume Poulet, n'aura « pas bouleversé la vie du cinéma ». « Un peu moins de folie, peut-être », sourit Arnaud, désormais seul à la barre d'une équipe de cinq personnes. Ce changement s'est accompagné d'un autre, et de taille, avec le basculement de la majorité municipale. Là où l'équipe précédente avait toujours supporté l'établissement, « à ce jour, le soutien ne s'est pas démenti. Notre projet est semble-t-il assez intéressant pour la ville pour que, tous bords confondus, on veuille le soutenir. »
« Contre-pied »
Au moment d'un troisième anniversaire qui sera dignement fêté ce soir (lire ci-dessous), Arnaud Clappier se veut donc « confiant », même si « on a choisi une activité où on ne sera jamais confiant. Si on voulait faire fortune, on ferait autre chose. L'Alhambra, c'est d'abord un rêve de cinéma avant d'être une affaire. » Et la programmation le confirme, nourrie de « coups de coeur ». « Ce n'est pas la notion de films d'auteur, dont je me fous un peu ; je ne sais pas ce qu'elle recouvre. Mais j'essaie d'aller chercher dans la masse des films qui sortent chaque semaine ce que je pense être le meilleur, en prenant un peu le contre-pied. » D'où des affiches qui mêlent « tous les cinémas » et qui ont valu au printemps à l'Alhambra la prestigieuse estampille « Art et essais ».
Le public a-t-il répondu à cette classification, qui peut parfois effrayer ? « J'ai toujours été persuadé que tous les films sont a priori faits pour tout le monde, proclame Arnaud. Quand on dit "c'est pas pour moi", on se met soi-même à l'écart ... » Un credo qui a semble-t-il convaincu à Calais : « C'est assez génial... nous avons depuis l'ouverture une grande mixité de publics : ceux qui viennent plusieurs fois par semaine, ou parce que c'est un cinéma de proximité... Certains ont découvert la VO. Des petites mamies sont venues voir Gomorra. » Pari gagné donc pour ce cinéma singulier, unique dans le Pas-de-Calais ? « Ça me conforte dans l'idée qu'il était important qu'on ouvre ce cinéma », sourit Arnaud. Une belle satisfaction, à défaut de faire fortune.