Vers la fermeture du cinéma "l'Arc en Ciel" de Liévin

Arc-en-Ciel : fin de saison ou clap de fin définitif ?

» édition de Liévin » à la Une

Hier soir, en prélude au conseil municipal, le député maire de Liévin a reçu les opposants à la fermeture du cinéma Arc-en-Ciel, et s'est exprimé sur le dossier. Il semble avoir accueilli favorablement (du moins sur le principe) les demandes des spectateurs d'Arc-en-Ciel qui refusent l'arrêt d'exploitation des trois salles Art et Essai. Reste le plus délicat : trouver durant l'été les fonds pour que le cinéma puisse survivre. Ce soir marquera la fin d'une saison. La dernière ?

Ce lundi soir, sur le parvis de l'Hôtel de ville, ceux pour qui la fermeture des trois salles d'Arc-en-Ciel n'est pas une fatalité et doit par tous les moyens être évitée s'étaient donné rendez-vous. Ces dizaines d'habitants de la région avaient déjà perturbé la tenue de l'assemblée générale de l'association Arc-en-Ciel la semaine dernière (voir notre article). Cette fois, ils ont profité de la tenue du conseil municipal pour tenter de sensibiliser les élus locaux à leur espoir de voir survivre le cinéma, en dépit de la fermeture annoncée par son directeur et sa présidente.

Les liévinois... et les autres

Accueillis dans la salle du conseil municipal, les manifestants ont pu interpeller le maire, en aparté de la réunion (le sujet n'étant pas à l'ordre du jour), par la voix de Valérie Fayt, la présidente de l'association des spectateurs d'Arc-en-Ciel. Pour réponse, Jean-Pierre Kucheida a renouvelé son accusation de baisse de la subvention du CNC (« de 33.000 euros à 9.000 depuis 3 ou 4 ans »), et expliqué qu'à cause de la fin des contrats aidés, il manquerait à la structure quelque 82.000 euros pour parvenir à son équilibre financier. Un nouveau chiffre a alors fait son apparition : selon le maire, « seuls 30 % des spectateurs du cinéma sont liévinois » (Cette proportion, dont l'origine n'est pas connue, ne doit sans doute pas tenir compte des centaines de scolaires de Liévin qui profitent chaque année de la structure, ndlr). Logiquement, le maire se base sur ces 30 % pour argumenter que la commune ne serait prête à mettre la main au portefeuille qu'à hauteur du tiers de ce manque à gagner, et compte sur d'autres collectivités pour participer financièrement à cet effort. L'augmentation du prix moyen des séances (passant de moins de 3 euros à 4,50 € -ce qui est plus conforme à la moyenne nationale), et l'arrêt des places offertes (pour 8 achetées, la 9ème était jusqu'alors gratuite) ont été suggérées par Valérie Fayt, la présidente de l'association. Le premier magistrat a reçu favorablement ces propositions permettant 20 000 € de recettes supplémentaires, en faisant remarquer que le public fréquentant la structure dont la programmation « volontairement pointue », était « rarement smicard », ce qui a donné des quintes de toux à quelques participants. Selon les calculs du maire, Il manquerait encore à ce jour 38 000 euros pour assurer la survie des trois salles. L'élu s'est engagé à tout tenter pour réunir cette somme durant l'été. Une importante avancée car si la somme semble conséquente, la fermeture d'Arc-en-Ciel ne semble plus être l'unique option.

Pour les défenseurs des salles, la faible fréquentation du cinéma Arc-en-Ciel (entre 20 et 25 000 entrées par an) ne serait que la conséquence d'un manque chronique de communication de la structure pour le 7ème art, notamment depuis l'ouverture du complexe cinématographique en 2001. Dans la ville, seul le Pathé est fléché, et sur le site municipal, quand on clique sur "cinéma", le lien pointe vers le site de l'enseigne au coq chantant. Pareil sur le portail internet d'Arc-en-Ciel : le cinéma n'y apparaît que quatrième, respectivement après la musique, le spectacle vivant et les arts plastiques. Le maire de Liévin n'a pu qu'admettre cette carence, regrettant « de ne pas avoir été alerté plus tôt ».

Après cet échange courtois, les manifestants ont quitté la salle dans le calme, afin que puisse se tenir le conseil municipal. Valérie Fayt est raisonnablement optimiste : « Tant que la décision de fermeture du cinéma n'est pas entérinée lors d'une assemblée générale, nous gardons espoir », nous explique-t-elle. En tous cas, les procédures de licenciement du personnel, elles, se poursuivent, malgré la trêve estivale annoncée hier soir par l'édile liévinois. Trois salariés sont concernées par le plan social, tandis qu'une seule a accepté le reclassement. Ce mardi 1er juillet est marqué par la soirée de clôture de la saison 2007-2008. Si le mot "fin" s'affiche ce soir au terme des projections, personne ne saura s'il s'agit de la clôture d'une saison ou de l'ultime séance...